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L’existence de la commanderie de Condat sur Vézère est attestée depuis 1239 dans un acte passé « in hospitali de Condato » entre deux membres du clergé local. Cependant, il est probable que l’ordre des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem s’y soit implanté dès le XII ème siècle, période où les donations en faveur de l’Ordre furent les plus nombreuses. Ainsi le Vicomte de Turenne, ayant apprécié en Terre Sainte l’efficacité de cet ordre religieux, lui aurait offert le fief de Condat.

Au Moyen-âge, la commanderie bénéficie d’une seigneurie quasiment complète : spirituelle (avec droit de patronage sur l’église et pouvoir de prélever la dîme), justicière, foncière (perception de cens et autres droits seigneuriaux) et bannière avec mise à la disposition des habitants d’infrastructures aux investissements coûteux en échange d’un droit d’usage en nature. La commanderie forme avant tout un domaine agricole et se développe grâce à la dérivation du Coly et aux aménagements d’un système hydraulique. Le long du bief se répartissent les diverses installations : au Sud la Maillerie (moulin à battre le chanvre), au Nord, le grand moulin à trois meules flanqué du four banal, dont les bâtiments existent encore aujourd’hui ; la chaussée, le bief, les canaux de décharge, les chutes et le pâtis entre le Coly et le canal principal, toujours clairement délimités.Dissimulés derrière l’imposant clocher-mur de son église Notre-Dame-et-Saint-Jean–Baptiste, on observe, sur les différentes façades du corps de logis de la commanderie, des éléments architecturaux fortifiés, témoignage d’un passé tumultueux. Sous l’Ancien Régime, elle subit autant les dégâts de l’abandon que les déprédations engendrées par les Guerres de Religion, la révolte des croquants. Elle
est sous la révolution un foyer ardent de contestations et de révoltes au cours desquelles les bancs de l’église sont brulés et le poteau de justice jeté à la Vézère. Au fil des siècles, le domaine doit son sauvetage aux rigoureux travaux de restauration de commandeurs tels que François Toucheboeuf-Clermont, André de Martin-Puyloubier, Aymé de  Nogaret, Henri Thomas de La Valette. Passés les affres de la révolution, la commanderie tombe dans le giron de la famille de Mirandol pour près d’un siècle et demi. Ce n’est qu’à la moitié du XX ème siècle qu’elle est transformée en minoterie pour soutenir l’activité industrielle de la famille Chabrelie.

A ce jour, la Commanderie de Condat-sur-Vézère conserve l’unité domaniale de l’ancienne commanderie de l’Ordre de Malte dessinant les perspectives d’un projet patrimonial global sur plusieurs décennies.

L’histoire de la commanderie s’inscrit dans une éternelle résilience, à laquelle nous avons la volonté de contribuer.